samedi 14 février 2015

Chemin de Croix du MIDI

Bien que certains qualifient le Québec comme étant «l'enfant terrible» du Canada, il faut s'entendre que sans le Québec, le Canada ne serait pas non plus ce qu'il est devenu aujourd'hui.

Même si le Québec est une des premières, si ce n'est la première Province qui a existé avant même l'existence du Canada, son côté polisson, légèrement insolent et profondément francophone le rend attachant et fort fascinant pour beaucoup d'entre nous !

Toutefois, le Québec a également ses hauts et ses bas mais il a un don pour pouvoir toujours retomber sur ses pieds et ce, quitte à en payer le prix !

Sa politique d'immigration prend ces temps-ci un important tournant mais dont nous ne savons pas sur quelle piste elle va atterrir ! La situation est tellement saugrenue que le Ministère qui porte désormais le nom de Ministère de l'immigration, de la diversité et de l'inclusion (MIDI), est en train de remuer ciel et terre pour organiser, réviser des pratiques, qui pour certaines ont presque mon âge, soit près de la cinquantaine !!!

Actuellemeent, si une personne n'est pas très à ses affaires en matière d'immigration québécoise est disons... quelque peu «larguée» et ce avec un Ministère qui semble autant désemparé !

Les raisons sont très simples.... Nous ne savons plus rien ! Et si le Ministère lui-même ne sait rien sur ce qui s'en vient, arrêtez de faire des hypothèses et faire croire aux futurs immigrants n'importe quoi ! 

A l'image de son grand frère Canadien, les retards de traitement  des demandes des CSQ sont devenus un véritable casse-tête, des grilles de sélection qui ne sélectionnent pas le candidat qui peut s'intégrer au tissu social et marché de l'emploi québécois (du moins, ceux qui le peuvent ne sont pas sélectionnés !), une politique régionale qui va plus lentement qu'un escargot à la retraite... et enfin, un gouvernement fédéral qui fait des déclarations haut et fort sur son nouveau système de sélection, Entrée Express, semant la confusion et la panique... au Québec !

Avec les récents changements de gouvernement au Québec, le Ministère a pourtant gardé de son mieux la tête froide avec une bonne administration interne et Direction des opérations qui a essayé de maintenir le cap et l'intégrité de sa mission. Or, les vents ont soufflé fort et certaines mesures se sont rajoutées sans prendre en considération la vraie valeur de l'immigrant, celui dont la société québécoise a réellement besoin mais qui a également ses hauts et ses bas... Exiger un niveau de français B2, des domaines de formation dont on ne comprend même plus pourquoi à quoi ils servent, des quotas sans avenir pour un programme classique de Travailleurs Qualifiés qui probablement ne reouvrira pas avant que sa nouvelle mouture ne voit le jour, des demandes de CSQ rejetées de façon arbitraire, des zones totalement grisées pour les immigrants qui viennent démarrer ou racheter une entreprise et qui se retrouvent assis entre deux chaises,... bref, un calvaire... le vrai Chemin de Croix mais autant pour les candidats que le Ministère ! Amen !

Cet état des choses va se dissiper... et nous allons arriver à des programmes qui vont s'adapter aux besoins de notre société. Le gouvernement du Québec, en matière d'immigration, a, à mon humble avis, trois points majeurs à ne pas oublier...

Le premier est la relève entrepreneuriale. Il nous faut des entrepreneurs qui puissent démarrer des
entreprises ou les racheter et continuer à optimiser notre économie. Toutefois, s'ils doivent seulement donner et ne rien recevoir si ce n'est qu'un malheureux permis de travail arraché par chance, on s'entend qu'un Étranger qui veut vivre, exploiter une entreprise veut au moins, qu'un programme facile et intègre puisse lui être offert avant qu'il investisse des centaines de milliers de dollars et ne pas vivre dans la crainte d'avoir à repartir... 2 ou 3 ans après. Une fois sur place, un entrepreneur a des obligations administratives dont le statut de résident permanent est une nécessité vitale au développement de son entreprise mais encore une fois, bien que le MIDI soit très conscient du problème, rien ne bouge. Je le sais que les paramètres sont externes au Ministère mais en attendant c'est le MIDI qui est pointé du doigt et c'est bien dommage ! Bien entendu, les media sont ravis de remplir leurs colonnes de faits divers sur ce sujet !

Un autre point est le laisser pour compte des travailleurs peu spécialisés ou semi-spécialisés. Le tissu social est composé de personnes de différentes couches socio-professionnelles. Pour garder l'équilibre, il est nécessaire à ce qu'il n'y ait pas d'oubliés et surtout pas les ouvriers ! Certaines provinces l'ont comprises et des travailleurs temporaires qui occupent des postes peu spécialisés pouvaient passer à travers certains programmes de résidence permanente grâce aux programmes des nominations des Provinces. Par exemple, en Colombie-Britannique, les serveurs ou au Saskatchewan, les chauffeurs de camion, avaient des programmes adaptés à ce besoin économique en pénurie ! 
Pourquoi un chauffeur routier, un camionneur, profession à très fort taux de roulement, requérant des connaissances spécifiques, linguistiques mais qui malheureusement est étiquetée comme peu spécialisée, ne peut recevoir la résidence permanente car il ne passe pas le pointage de la grille de sélection ? 
Il suffit qu'il soit proche de la quarantaine, parle un français moyen, n'a pas fait d'étude spécifique et que de surcroît a une épouse, sans profession mais élève 3 enfants... c'est brûlé pour lui ! Mais c'est brûlé également pour celui qui parle très bien français, est jeune et rentre dans la grille de sélection. Si ce n'est pas la grille, ce seront les délais de traitement de la demande de CSQ versus la durée de validité de leur permis de travail... Bref... dissonance !!!! On s'entend que sans personnel peu qualifié suffisant, les «petits emplois» qui sont finalement plus spécialisés que ce que l'on pense, la société québécoise perd de la force dans la structure de sa fondation économique et... sociale !

Et enfin, dernier point... la régionalisation ! Si je prends les deux précédent points, il faudrait justement permettre aux entrepreneurs et travailleurs peu spécialisés de se valoriser dès que leur projet de vie se trouve en région ! Et les régions au Québec, il n'en manque pas ! Par conséquent, donnez la possibilité à ces personnes de pouvoir obtenir leur CSQ rapidement, les rassurer sur la volonté du Québec de les garder et ensuite ce sera à ces personnes d'en faire les preuves ! Pourquoi en région justement ? Tout simplement, Montréal qui selon les derniers statistiques, a attiré presque 4 millions d'habitant incluant sa rive-sud et rive-nord, se voit quand même déjà arriver beaucoup d'immigrants. Si les régions, dont les réfugiés sont prioritairement installés, ont la possibilité d'avoir du bon monde pour faire tourner les usines, les scieries, les auberges, travailler dans les champs et j'en passe, ce serait une nouvelle vague de «colonisation» naturelle qui serait instituée...

Maintenant, tout ceci n'est que mon humble avis. Laissons le MIDI, une fois encore tirer son épingle du jeu.

Si moi, j'y pense, ils le pensent aussi ! Et toutes les personnes qui sont frustrées de l'état actuel des choses et qui vivez le calvaire, prenez votre mal en patience...

Selin Deravedisyan-AdamLe MIDI doit gérer la refonte de ses programmes, la re-organisations de sa structure interne et en même temps continuer à nous servir ! Si c'était un humain, il aurait déjà atteint la dépression... Alors, cher Ministère, je vous souhaite simplement beaucoup de vitamines, des idées flamboyantes et un Québec avec une politique d'immigration humaine pour le bien être de notre belle société. Nous allons vous être reconnaissants !

A bon entendeur...


Selin Deravedisyan-Adam, CRIC

dimanche 1 février 2015

Le Canada vous offre une Entrée Express ! Et, alors ???

Entrée Express Phoenix GMI
A coups de clairons et tambours battant, le Canada a lancé depuis le 1er janvier 2015 son nouveau système de gestion des demandes de résidence permanente.

Grâce à son réseau des Ambassades, Consulats à l'étranger,.. le gouvernement canadien a lancé une campagne intensive de promotion de l'Entrée Express sur toute la Planète pour promouvoir le système et attirer un maximum de candidats. Leur participation à certains salons sur l'immigration ou la mobilité internationale atteint même des niveaux de recrutement tellement intenses que le système fait penser à une énorme boule de lumières suspendue au milieu du plafond comme dans une discothèque et que l'on ne voit que ça, totalement éblouis et... aveuglé par les couleurs intenses...

Et oui, le Canada a mis ses lumières et lancé sa musique à fond... Même une Ambassadrice, Madame Lucille Leblanc, avait été nommée pour promouvoir le système à travers tous les réseaux et ce avant même la mise en place du système ; question de diffuser la «bonne nouvelle»....

Mais devant ce tel engouement, cette campagne de promotion qui, avouons-le, reste exceptionnelle dans l'histoire du Canada, avez-vous compris de quoi il s'agissait vraiment ?

Ouvrons le rideau et pénétrons dans ce système qui ne me semble pas être aussi Express que son nom laisse croire !

Vous êtes à l'étranger et vous lisez, entendez ces publicités sur l'Entrée Express. Pire..., vous avez été approché par certains bureaux ou conseillers en immigration qui vous ont fait miroiter les avantages de l'Entrée Express, le coût «minime» que cela demande pour pouvoir faire partie du fameux bassin, de l'espoir de devenir un Canadien très bientôt... Oh oui, de belles paroles !!

Mais, je suis désolée de vous dire que pour arriver à cette étape dont le Canada fait la promotion (d'obtenir la résidence permanente en 6 mois), plusieurs années peuvent passer avant que vous soyez sélectionné et invité à déposer votre demande de résidence permanente !!

En effet, le système ne change en rien les programmes de résidence permanente déjà applicables au Canada (fédéral). Ce sont toujours les mêmes : travailleur qualifié, métier spécialisé et catégorie de l'expérience canadienne... qui sont proposés avec exactement les mêmes critères de sélection qu'avant le 1er janvier 2015 ! 

Sauf que cette fois-ci, on demande à tous les candidats de se mettre dans le même «bassin» et d'attendre.... L'attente ne se fait pas comme à la boucherie, avec le petit numéro qu'on vous remet à l'entrée. Une fois que vous avez réunis les premiers critères d'admissibilité  pour faire partie du bassin (c'est à dire que votre profil correspond à un des 3 programmes offerts initialement), vous devrez dès lors démontrer que vous êtes meilleur encore que votre voisin qui vous ressemble étrangement... et des voisins qui vous ressemblent, dans le bassin, on les compte par milliers qui vont devenir dizaine de milliers, voire centaines de milliers !!! Et vous là-dedans ? Vous devrez chercher à optimiser vos chances pour espérer un repêchage à un moment donné !

L'intention de Citoyenneté et Immigration Canada est de rendre ce portail, ce bassin, interactif. Le Ministère travaille actuellement sur le maillage des candidats de ce bassin avec les besoins de marché du travail. Par conséquent, un candidat dont le profil professionnel correspondrait à une pénurie de main d'oeuvre spécialisée pourrait se voir repêcher du jour au lendemain car l'employeur X, Y, Z situé dans un coin perdu du Canada (et il y en a !!) lui offrirait un emploi permanent. En attendant, Messieurs, Dames, qui êtes dans le bassin, continuez à nager, à maintenir votre tête au dessus de l'eau et même au-dessus de votre voisin pour ne pas couler ! Et si vous voulez savoir où vous êtes dans ce système de classement, il est impossible pour le moment de le savoir... Le système est encore opaque à ce niveau... continuez à nager !

Je reviendrai sous peu sur ce blog pour vous clarifier certains points importants concernant ce système à multi-facettes. Toutefois, je rappelle que ce système ne s'applique nullement pour les candidats qui veulent s'installer au Québec. Alors si vous êtes un employeur et que votre candidat vous jure qu'il peut obtenir sa résidence permanente dans les 6 mois, vous saurez comment réagir !!

Mais si, vous candidat, avez accumulé de l'expérience au Québec et désirez vous installer ailleurs au Canada, vos chances de repêchage sont possibles également et ce même si le français est votre langue maternelle... Mais pensez-y à deux fois, surtout si vous êtes francophones et ne passez pas à côté du Programme de l'expérience québécoise car même plus long en terme de délai de traitement, il reste encore plus sécuritaire pour parvenir à une résidence permanente que d'attendre dans un «bassin» cette main providentielle qui va vous repêcher ! 

Prêts pour plonger ?? Alors commencez immédiatement par prendre les rendez-vous pour passer les tests linguistiques qui vous permettront de vous inscrire dans le bassin....

Et dernière mise en garde... Il n'existe aucun Expert dans l'Entrée Express !!! C'est tellement nouveau comme procédé que nous, représentants autorisés en immigration, nous nous «formons» sur le tas et le chemin est bien long ! Alors ne vous faites pas avoir avec des Conseillers en immigration qui vont vous offrir l'Entrée Express sur un plateau avec des illusions et fausses promesses, voire des guides ou livres... Ca n'existe pas encore !

Le vrai travail du professionnel en immigration sera de vous assister et conseiller pour vous préparer à mieux vous positionner dans le classement.  Et ce n'est seulement qu'après le repêchage qu'il pourra vous aider à organiser la procédure de demande de résidence permanente. Alors ne vous faites pas engloutir des milliers de dollars pour juste pouvoir nager... dans un bassin ! Soyez pro-actifs et choisissez bien votre Consultant ou Avocat en immigration.

A bon entendeur...



Selin Deravedisyan-Adam, CRIC